Roger CARRIÈRE a huit ans. C’est un petit garçon discipliné, curieux, passionné de dessin, de modelage, et de tout ce qu’il peut découvrir au cœur de son petit village de Montans, et quand il pose, il regarde le photographe qui est venu tirer le portrait des gamins de l’école communale, en pensant : « …finis vite, j’ai tellement de choses à terminer aujourd’hui ! »
Montans ? Un charmant village construit à l’extrémité d’une terrasse dominant le Tarn au sud-ouest de Gaillac, dont le vignoble s’étend dans toute la vallée et sur les coteaux environnants, constituant la principale activité agricole de cette petite commune rurale. Il y fait bon vivre, et les enfants du village jouent à la sortie de l’école comme tous les enfants, se poursuivant sur la place et les ruelles, entrant sagement chez eux ensuite, accompagnant leurs parents à la messe le dimanche matin, et souvent à la pêche au bord du Tarn, l’après-midi de ces jours-là, à taquiner l’ablette ou le gougeon…
Mais Roger a d’autres passions : il dessine et peint à longueur de journée avec le peu de moyens dont il dispose, et se passionne pour les écrits et recherches d’un érudit dont lui a parlé l’instituteur, un savant, bachelier en lettres, qui fut aussi ancien maire de son village, décédé 10 ans à peine avant qu’il ne vienne lui-même au monde dans une modeste maison de l’Avenue de Gaillac, devenue aujourd’hui « Avenue des lavandes ». Il s’agit de Élie-Augustin Rossignol, historien, archéologue, artiste et collectionneur, figure emblématique du village, un personnage extraordinaire qui s’adonnait à la recherche historique et archéologique, qui a publié de nombreux ouvrages sur le département et en particulier sur le gaillacois et le riche passé de Montans même.
Mais cela est une autre histoire dont je vous reparlerai plus tard…
Cinq ans plus tard, Roger réalise ce portrait de sa maman Marie-Madeleine, cousant auprès de la fenêtre, sur le siège de bois d’une vieille chaise, avec des résidus de peinture puisés dans des fonds de pots chipés dans le garage de son père. Il a maintenant 13 ans, nous ne sommes qu’en 1937, et les bouleversements de la Seconde guerre mondiale qui vont l’entraîner dans la résistance ne font pas encore partie de ses soucis du moment. Le bonheur ressemble à ce joli village de vignerons et de sa vie paisible, où le petit Roger est heureux.
Dans 1 semaine, dimanche 6 juin prochain, va s’ouvrir une intéressante et rare exposition au musée de l’archéosite de Montans, où vous découvrirez parmi un grand nombre d’autres œuvres précieuses cette peinture remarquable de la maman du petit Roger.
Quant à son papa, je vous en reparle la prochaine fois…
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